De l’affaire Vittorio de Fillipis
Voici ci-dessous la quasi-intégralité d'un courrier particulièrement pertinent adressé par Olivier Bureth Président de la FNUJA ( Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats FNUJA) à ses confrères.
"L’ancien directeur du journal Libération aurait été interpellé vendredi 28 novembre à l’aube, dans le cadre d’une plainte en diffamation. L’interpellation se serait déroulée de manière particulièrement musclée, [...]. Selon la Chancellerie, cette arrestation est tout à fait régulière dès lors que l’intéressé n’aurait pas déféré aux convocations qui lui avaient été adressées.
(Source : France Info, 1er décembre 2008, 13h53).
Certes l’interpellation d’un journaliste à l’aube, devant ses enfants, transféré menotté, déshabillé à deux reprises, tout cela dans le cadre d’une plainte en diffamation est choquante.
Certes, la FNUJA s’associe aux protestations nombreuses et quasi-unanimes de diverses associations, syndicats et partis politiques […].
Pour autant, elle s’étonne que la presse unanime, partis politiques de tous bords, associations de défense des libertés de tous horizons, s’émeuvent tout particulièrement de cette affaire en raison de la profession de la victime de ces agissements.
[…]
Aussi, la FNUJA rappelle que :
- ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se font interpeller tous les ans dans des conditions identiques ;
- que pour autant, même des policiers doivent bénéficier de la présomption d’innocence, alors surtout qu’ils n’ont agit que sur instruction d’un magistrat.
Elle regrette en outre l’absence de réactions équivalentes lorsque de tels agissements sont proférés à l’encontre de citoyens inconnus, tout aussi légitimes à bénéficier du même respect de leurs libertés essentielles qu’un journaliste, aussi remarquable soit-il.
Elle regrette notamment l’absence de réaction d’indignation lorsque des avocats subissent des traitements équivalents dans l’exercice de leur fonction, notamment dans le cadre des manifestations de novembre 2007 sur la réforme de la carte judiciaire ou dans le cadre des perquisitions de cabinets d’avocats[...].
Enfin, elle se félicite de la mise en place d’une commission de réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale par Madame le Garde des Sceaux, conformément à son vœu déjà ancien de la réunion d’états généraux de la Justice.
En outre, la FNUJA appelle à une plus grande concertation entre les avocats et les journalistes, en ce que les uns comme les autres concourent à la protection de libertés publiques essentielles au bon fonctionnement de notre démocratie.
*Olivier Bureth Président de la FNUJA*".